L’armée avait fait de sérieux dégâts, au fort de la Grande Haye. Pour stationner les chars, le régiment de l’époque n’avait pas hésiter à pratiquer une énorme ouverture dans la façade de l’ouvrage du général Raymond Adolphe Séré de Rivières, concepteur du système de fortifications qui porte son nom. Sûr que l’ingénieur militaire se serait retourné dans la tombe en voyant se trou béant défigurant l’édifice du patrimoine golbéen.
En décidant, avec l’appui de la municipalité, de redonner vie à ce fort laissé à l’abandon, l’association Fortiff’Séré, chère au couple Julie et Cédric Vaubourg, passionné d’ouvrages militaires, entreprenait, là, un long travail de restauration. Mais qui finissait par porter ses fruits. Certes, il y a encore à faire mais ce que l’équipe de Fortiff’Séré a déjà accompli est remarquable.
En attendant que la crise de la Covid s’estompe et que puissent reprendre les visites (sans doute en mai 2022) qui, chaque fois attire énormément de monde, les travaux continuent. Travaux d’entretien (tonte) et de restauration (fenêtres réalisées par Mickaël Colin avec du bois de récupération, blindage des fenêtres, portes du casernement bétonné).
Impressionnant…
Mais le plus impressionnant, le plus visible est sans conteste la restauration de la façade. Un projet qui date de 2016 et la venue, en mars, de Monsieur Frémont, délégué de la Fondation du Patrimoine. Et en avril 2018, la souscription était lancée. Estimée à plus de 40 000 euros, la reconstitution de cette façade pouvait débuter, grâce à un mécénat via la Fondation du Patrimoine, la municipalité et l’association Fortiff’Séré.
Là, place aux pros. C’est la société nancéienne For-Sci-Ca, spécialisée dans le sciage et la carottage des bétons armés, qui était la première en action, en juillet de cette année.
Les jambages étaient retirés, les linteaux carottés. Les pierres de grès, destinées à rhabiller la façade d’après les plans de l’époque, étaient alors taillés dans la carrière Sebeler, à Bleurville, par l’entreprise Tollot, de Fréville, spécialisée dans la restauration des monuments du patrimoine.
Durant trois semaines, en septembre, l’équipe de l’entreprise Tollot allait assembler, à la chaux comme au XIXe siècle, les pierres numérotées. Et réussir la remarquable restauration d’une façade qui cicatrise à la perfection la blessure occasionnée par l’intrusion des blindés.
Et c’est tout sourire que Julie, Cédric et leurs bénévoles ont réceptionné ces travaux d’envergure qui redonne un supplément de vie au fort de la Grande Haye.
« Si les visites du public ne devraient reprendre qu’en mai de l’année prochaine, nous en aurons une très prochainement, exceptionnelle, avec la venue, le 17 octobre, du Kiwanis Club de Vittel », appréciait le président de Fortiff’Séré, Cédric Vaubourg. Qui enchaîne, pas peu fier : « L’an prochain, nous allons installer, dans la cour du fort de la Grande Haye, la voie ferrée du fort de la Mouche. Nous avons eu l’autorisation de l’armée pour ce transfert ».
Le fort est peut-être en sommeil, pas l’association Fortiff’Séré. Qui continue les travaux de restauration pour que cet ouvrage soit digne du patrimoine golbéen.